Le Plan d’action régional intégré (PARI) du Conseil SAM permet de rassembler les forces vives en alimentation sur le territoire montréalais.
Le système alimentaire est complexe et se retrouve au croisement des enjeux sociosanitaires, écologiques et économiques. Face aux nombreux défis, la mobilisation d’une panoplie d’acteurs et d’actrices est nécessaire pour réussir ce que nous appelons la transition alimentaire.
Un système alimentaire est composé des maillons de la chaîne alimentaire (production, transformation, distribution, consommation, et post-consommation) ainsi que des acteurs et actrices auxiliaires qui sont responsables des ressources financières, de la recherche, de la sensibilisation et de la gouvernance.
Le territoire montréalais représente le plus grand bassin de population au Québec. La population montréalaise se distingue par sa diversité et la richesse de ses pratiques et traditions alimentaires. En même temps, les inégalités sociales sont importantes et empêchent un accès équitable à une alimentation de qualité.
Par le biais du PARI du Conseil SAM, les organisations partenaires se dotent d’une vision commune des enjeux du système alimentaire et les stratégies à mettre en action pour opérer les changements souhaités. Les divers porteurs et porteuses de projets inscrits au PARI, les membres du Conseil, les membres des groupes de travail, ainsi que l’ensemble des personnes participant aux activités de concertation travaillent en synergie pour transformer le système alimentaire montréalais afin de favoriser l’accès à une alimentation saine, diversifiée, de proximité, abordable et durable pour l’ensemble de la population.
Montréal est un territoire d’innovation pour la conception et déploiement d’initiatives en alimentation. Le PARI du Conseil SAM est un outil collectif pour catalyser les meilleures pratiques et propulser des changements d’échelle pour des initiatives structurantes en alimentation.
Explorez les enjeux et statistiques des principales orientations du plan d’action du Conseil SAM
- Renforcer les circuits courts et de proximité
- Réduire l’empreinte écologique
- Réduire l’insécurité alimentaire
- Augmenter l’accès à une saine alimentation
- Renforcer la gouvernance inclusive
Orientation 1
Renforcer les circuits courts de proximité
Malgré son territoire fortement urbanisé, la grande région de Montréal abrite des terres agricoles qui sont parmi les plus fertiles du Québec en plus de jouir d’un des climats de la province les plus favorables pour l’agriculture. Plus d’une trentaine d’exploitations agricoles et une quarantaine de petites fermes urbaines y sont installées. Sa population constitue de loin le principal bassin de population à nourrir au Québec et la métropole est le plus grand centre de transformation de la province. L’ industrie bioalimentaire représente 5% du PIB régional et 13% des emplois de la région (MAPAQ, 2020).
Pourtant, la part des aliments provenant de l’extérieur du Québec est très importante et les actrices et acteurs bioalimentaires montréalais rencontrent plusieurs défis qui affectent leur capacité à les rendre plus accessibles à la population. On peut penser notamment aux enjeux relatifs à la production agricole, aux canaux de distribution, etc..
Le Conseil SAM mise sur plusieurs stratégies pour renforcer les circuit-courts et de proximité :
- Accompagner et faire découvrir les produits du Québec et de Montréal auprès des responsables des achats des milieux de la restauration, de l’hôtellerie, des institutions et les détaillants;
- Faire rayonner les produit locaux, sains et éco-responsables;
- Soutenir les entrepreneurs et entrepreneures bioalimentaires montréalais;
- Encourager la pratique de l’agriculture urbaine citoyenne, sociale et collective;
- Promouvoir la mise en place d’un programme d’alimentation scolaire universel au Québec.
Objectifs généraux
- Outiller les institutions montréalaises pour assurer l’accès à l’eau et à une alimentation saine, locale et écoresponsable;
- Implanter des points d’approvisionnement en produits locaux;
- Offrir des formations et de l’accompagnement aux entrepreneurs bioalimentaires;
- Faire connaître et faire rayonner les produits montréalais;
- Renforcer les connaissances de la population montréalaise en alimentation;
- Augmenter la production alimentaire urbaine;
- Soutenir la mise en place d’un programme alimentaire scolaire universel au Québec;
- Soutenir le développement des systèmes alimentaires à l’échelle des quartiers;
- Soutenir le développement des politiques alimentaires.
La Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois : pour une alimentation locale dans les institutions publiques a pour objectif de doter, d’ici 2025, l’ensemble des institutions publiques du Québec d’une cible d’achat d’aliments québécois.
Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (SNAAQ)
Statistiques liées aux circuits-courts et de proximité à Montréal :
- Évolution du nombre d’exploitations agricoles dans l’agglomération de Montréal :
+19% entre décembre 2020 et octobre 2022 (MAPAQ). - Part relative de la superficie terrestre de la Ville de Montréal en zone agricole protégée :
3.2% en 2021 (Observatoire du Grand Montréal). - Pourcentage d’institutions montréalaises ciblées par la SNAAQ qui se sont dotées d’une cible d’achat ou sont activement en train d’en adopter une :
68 % en novembre 2022 (ITHQ).
Orientation 2
Réduire l’empreinte écologique
Le secteur bioalimentaire est responsable de près de 20% des émissions de GES du Québec.
MAPAQ, 2023
La pression sur l’environnement du régime alimentaire nord-américain, riche en viandes, en produits importés et hautement transformés, est déjà énorme et risque de s’amplifier si une transformation majeure du système alimentaire ne s’opère pas rapidement. L’ampleur du défi nécessite d’adopter une vision holistique afin de prioriser les efforts qui permettront d’assurer la transition vers un système alimentaire à la fois sain et durable.
Pour réduire l’empreinte écologique du système alimentaire il faut, entre autres, s’attaquer au gaspillage des aliments qui est généré à chacune des étapes du cycle de vie des aliments, favoriser la consommation de protéines végétales et assurer la transition vers des systèmes de production agricole régénératifs et sobres en carbone.
Le Conseil SAM préconise plusieurs stratégies pour accélérer cette nécessaire transition vers un système alimentaire sain et écoresponsable.
- Promouvoir le menu de santé planétaire;
- Réduire les matières résiduelles (emballages, contenants, résidus organiques);
- Réduire le gaspillage alimentaire;
- Soutenir les entrepreneurs et entrepreneures bioalimentaires montréalais;
- Encourager la pratique d’agriculture urbaine citoyenne, sociale et collective;
- Soutenir la mise en place d’un programme alimentaire scolaire universel au Québec.
Le Conseil SAM demande un investissement pour le développement de données et d’outils de mesure d’impact environnemental.
L’un des défis majeurs pour réduire l’empreinte écologique du système alimentaire montréalais est le manque flagrant de données et d’outils de mesure d’impact environnemental. En ayant accès à des outils permettant une évaluation quantitative des impacts , les acteurs et actrices du milieu alimentaire pourraient éviter d’orienter leurs efforts sur des actions qui seraient contre-productives ou dont les bénéfices seraient très limités. Cela permettrait également de réduire les risques de déplacements d’impacts d’un chaînon du système alimentaire à un autre ou d’un enjeu à l’autre.
Objectifs généraux
- Mobiliser les parties prenantes afin d’identifier des nouvelles stratégies de réduction du gaspillage alimentaire;
- Augmenter l’utilisation des contenants réutilisables pour les aliments et les boissons;
- Soutenir les commerçants bioalimentaires pour la transition écologique;
- Soutenir la production de connaissances pour la transition alimentaire;
- Outiller les institutions montréalaises pour assurer l’accès à l’eau et une alimentation saine, écoresponsable et locale;
- Renforcer les connaissances de la population montréalaise en alimentation;
- Augmenter la production alimentaire urbaine.
Orientation 3
Augmenter l’accès à une saine alimentation
L’alimentation a un fort impact sur la santé des individus et il est maintenant clair que la qualité nutritionnelle de l’alimentation est fortement liée à la santé et aux maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires
Forouhi N. et al. 2019.
À Montréal, on dénote des difficultés d’accès à une saine alimentation, notamment dans les quartiers à fort taux de défavorisation matérielle où la consommation de boissons sucrées est forte et où l’accès aux produits frais est limité et la malbouffe omniprésente dans l’offre alimentaire. Le reste de la métropole n’est pas en reste face à ces enjeux : les ménages montréalais dépensent 43% de leur budget alimentation à des aliments ultra-transformés.
Pour améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation de la population montréalaise, l’action de nombreux acteurs et actrices est nécessaire. Ensemble, ils et elles peuvent agir pour créer ou amplifier des environnements favorables à la saine alimentation et inciter et permettre aux Montréalais et Montréalaises de faire des meilleurs choix pour leur santé.
Le Conseil SAM propose plusieurs stratégies pour augmenter l’accès à une saine alimentation.
- Promouvoir le menu de santé planétaire;
- Promouvoir l’accessibilité économique et physique des aliments dans le respect des besoins et préférences alimentaires de toutes et tous;
- Encourager la pratique d’agriculture urbaine citoyenne, sociale et collective;
- Promouvoir la mise en place d’un système d’alimentation scolaire et universel.
Le Conseil SAM recommande notamment la mise en place de deux initiatives pour agir plus largement sur les enjeux d’accès à une saine alimentation :
- Programme de coupons nourriciers : Un programme de coupons nourriciers peut servir de levier structurant pour améliorer l’accès à une saine alimentation pour les populations vulnérables, et soutenir les productrices et producteurs locaux en sécurisant les revenus de vente. Le gouvernement devrait investir dans la mise à échelle et la pérennisation des interventions de type coupons nourriciers, notamment la Carte Proximité fermière et solidaire à Montréal, en bonifiant la mesure 3.7.2 de la Politique gouvernementale de prévention en santé.
- Taxe sur les boissons sucrées : Il est important de favoriser l’accès à une saine alimentation, tout en limitant l’accès à des aliments malsains qui contribuent à l’obésité et aux maladies chroniques et qui augmentent le coût des soins de santé porté par les contribuables. Le gouvernement devrait mettre en place une taxe sur les boissons sucrées dont les revenus seraient investis dans l’accès à une saine alimentation, ou transférer au palier municipal ce pouvoir de taxation.
Objectifs généraux
- Produire des connaissances sur la qualité de l’offre alimentaire à Montréal;
- Outiller les institutions montréalaises pour assurer l’accès à l’eau et à une alimentation saine, écoresponsable et locale;
- Soutenir et mettre en oeuvre des projets de coupons nourriciers;
- Mettre en place des mécanismes de tarification sociale pour favoriser l’accès économique aux aliments sains.
Seuls 28 % des Montréalais et Montréalaises de plus de 15 ans consomment au moins cinq fois par jour des fruits et légumes. En d’autres mots, moins d’une personne sur trois en mange suffisamment.
Springman et al., 2014
À Montréal, la consommation de boissons sucrées varie selon les territoires et est deux fois plus élevée chez les jeunes provenant de milieux très défavorisés : 19 % des jeunes de milieux très défavorisés consomment des boissons sucrées tous les jours contre 10 % des jeunes de milieux très favorisés
DRSP, 2018
- Part des élèves du Montréal au niveau de l’école secondaire qui consomment la portion journalière recommandée de fruits et légumes : 2010-2011 : 33% ; 2016-2017 : 26 %
- Arrondissements couverts par une réglementation de zonage sur l’implantation de restaurants à service rapide (1/19 en novembre 2022)
Orientation 4
Réduire l’insécurité alimentaire
L’insécurité alimentaire est un problème social et de santé publique important au Canada qui a été exacerbé par la pandémie et l’inflation des prix des aliments. Définie comme étant un accès inadéquat ou incertain aux aliments en raison d’un manque de ressources financières, l’insécurité alimentaire n’est pas liée aux aliments, mais bien à la défavorisation matérielle. Pour les individus ou ménages aux ressources financières limitées ou avec des contraintes financières sévères, l’achat d’aliments finit par faire concurrence aux autres dépenses essentielles, tels que le logement, les transports, les services publics, etc. En plus du revenu inadéquat, d’autres facteurs peuvent être associés à l’insécurité alimentaire comme par exemple le fait d’être locataire ou d’avoir des incapacités fonctionnelles graves.
Stratégies
Les stratégies pour lutter contre l’insécurité alimentaire passent principalement par deux angles d’approche : les interventions basées sur le revenu et le logement et celles basées sur l’alimentation. Voici les stratégies préconisées par le Conseil SAM.
- Promouvoir l’accessibilité économique et physique des aliments dans le respect des besoins et préférences alimentaires de tous et toutes;
- Contribuer au développement des politiques publiques qui visent à augmenter les revenus ou à diminuer le coût du logement;
- Encourager la pratique d’agriculture urbaine citoyenne, sociale et collective;
- Soutenir la mise en place d’un programme alimentaire scolaire universel au Québec
Le Conseil SAM prône une bonification des revenus pour les populations vulnérables.
Le droit à l’alimentation est reconnu comme un droit fondamental. Puisque l’insécurité alimentaire est un problème de pauvreté, le Conseil SAM demande au gouvernement de bonifier les mesures de revenu pour les personnes vulnérables.
Objectifs généraux
- Récupérer des surplus alimentaires pour redistribution aux populations vulnérables;
- Produire des connaissances sur l’insécurité alimentaire à Montréal et les bonnes pratiques en atténuation;
- Augmenter l’accessibilité des services d’aide alimentaire d’urgence;
- Produire des aliments afin de nourrir les personnes vulnérables;
- Soutenir et mettre en oeuvre des projets de coupons nourriciers;
- Mettre en place des mécanismes de tarification sociale pour favoriser l’accès économique aux aliments sains.
Selon l’INSPQ, encore 14% de la population montréalaise était en insécurité modérée ou sévère en novembre 2021, un taux auquel s’ajoute 10% en insécurité alimentaire marginale, pour un total de 24%.
Proportion des adultes vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire :
- Insécurité modérée ou sévère : 14 % ;
- Marginale : 10 %
INSPQ, Janvier 2023
Part du coût minimum d’un régime nutritif pour une famille de 2 adultes et 2 enfants sur le seuil de pauvreté
- 2020 : 32.2%
- 2019 : 30.6%
- 2018 : 29.9%
Dispensaire diététique de Montréal et Statistiques Canada
Orientation 5
Renforcer la gouvernance inclusive et la collaboration intersectorielle
C’est dès la fin des années 80 que s’est amorcée la recherche de formes de concertation et de structures de gouvernance autour de la question alimentaire à Montréal. Les acteurs se rendaient compte, déjà à l’époque, qu’une forte collaboration intersectorielle et des pratiques de mutualisation étaient nécessaires à la consolidation de projets structurants au sein du système alimentaire montréalais.
La création du Conseil SAM en 2018 a en partie répondu à cet impératif de collaboration, mais des lacunes persistent en ce qui a trait à la coordination des acteurs et de leurs actions au sein du système alimentaire de la métropole.
FAO, Secrétariat du MUFPP, Fondation RUAF, 2018
Pour assurer un environnement propice à une action efficace, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et les villes signataires du Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan recommandent de « faciliter la collaboration intersectorielle entre différents services et organismes municipaux et [de] rechercher la cohérence des politiques et programmes sectoriels qui influent sur le système alimentaire à différents niveaux administratifs »
Stratégies
Le Conseil SAM a identifié comme priorités l’engagement municipal et la participation citoyenne, notamment des personnes les plus vulnérables, comme éléments favorisant la transition alimentaire. Son action sur ces enjeux s’articulent autour de plusieurs stratégies.
- Renforcer la gouvernance alimentaire inclusive;
- Renforcer les systèmes alimentaires locaux inclusifs et durables;
- Encourager la pratique d’agriculture urbaine citoyenne, sociale et collective;
- Soutenir la mise en place d’un programme alimentaire scolaire universel au Québec
Pour ce faire, le Conseil SAM avance que la reconnaissance des systèmes alimentaires de proximité serait un important levier.
Le gouvernement doit reconnaître le rôle crucial des municipalités et les concertations régionales en alimentation pour opérer la transition socio écologique au sein du système alimentaire. Il doit également leur confier davantage de mandats et de ressources pour soutenir les changements systémiques en alimentation qu’ils sont les mieux placés pour mettre en place.
Objectifs
- Rendre la gouvernance alimentaire plus inclusive;
- Développer des indicateurs, des outils de collecte et de visualisation des données en alimentation;
- Susciter la collaboration de la population pour le développement des projets en alimentation.
La démarche Faim « Zéro » à Montréal de la Fondation du Grand Montréal a permis d’identifier l’action concertée comme l’un des trois principaux enjeux pour lesquels il faut lever les freins et optimiser les leviers dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire de la population montréalaise
Brisebois et Colombo, 2019